Une visite guidée de ces deux expositions a été organisée au profit des représentants des médias dans le cadre d’un « weekend de la presse » qui prévoit également une visite privée exceptionnelle, samedi, de la villa Oasis et de son jardin.
« Jardin Majorelle: Qui sommes-nous? » (man nahnou ? / Who Are We ? »), qui célèbre le centenaire de ce jardin emblématique, créé par le peintre orientaliste français Jacques Majorelle (Nancy, 1886, – Paris 1962), retrace l’histoire depuis sa création dans la palmeraie en 1924 et son ouverture au public en 1947 jusqu’à son acquisition en 1980 par Yves Saint Laurent (Oran, 1936 – Paris, 2008) et Pierre Bergé (Saint-Pierre-d’Oléron, 1930 – Saint-Rémy-de-Provence, 2017) afin de sauver ce lieu magnifique d’un projet immobilier.
L’exposition comprend une maquette, créée spécialement pour l’exposition par Monim Sabyh, et qui présente les lieux dans leur ensemble (le jardin public et le jardin de la Villa Oasis), ainsi que le musée Pierre Bergé des arts berbères et le musée YSL Marrakech.
De très nombreux documents historiques tels que des dessins inédits d’Yves Saint Laurent, de l’architecte Bill Willis et du paysagiste Madison Cox, tirés des collections de la Fondation Jardin Majorelle, mais aussi des photographies anciennes et des ouvrages imprimés des Archives et de la Bibliothèque de la Fondation Jardin Majorelle, ou encore des films d’époque et d’autres réalisés spécialement pour cette exposition avec des vues aériennes exceptionnelles, invitent aussi à un voyage dans les réserves méconnues du Musée Yves Saint Laurent Marrakech.
De même, des cartes, des plans et autres documents en relation avec la ville de Marrakech d’hier et d’aujourd’hui permettent aux visiteurs de découvrir l’histoire et l’évolution fulgurante de ce jardin unique.
Pour ce qui est de l’exposition « Yves Saint Laurent et la bande dessinée : La Vilaine Lulu », fruit d’une nouvelle collaboration entre le mYSLm et le Musée Yves Saint Laurent Paris, elle s’est ouverte à partir du 11 juillet 2024 dans la galerie de photographie du mYSLm.
En 1956, le jeune Yves Henri Donat Mathieu-Saint-Laurent, alors âgé de vingt ans, travaille aux côtés de Christian Dior en tant qu’assistant et dessine des croquis pour les collections. Le soir venu, un des employés de la maison, Jean-Pierre Frère, s’amuse à se déguiser : «Souvent, après six heures, un collaborateur de Christian Dior se déguisait. Un soir, il avait remonté ses pantalons jusqu’aux genoux. Je me souviens, il portait de longues chaussettes noires. Dans la cabine des mannequins, il avait trouvé un jupon de tulle rouge et un chapeau de gondolier. Tout petit, presque inquiétant, avec son air têtu et rusé, il m’avait impressionné et je lui avais dit : Tu es la vilaine Lulu* », lit-on dans une note de présentation de l’exposition.
C’est de cette « anecdote que naît le personnage de La Vilaine Lulu, qui inspire à Yves Saint Laurent une bande dessinée facétieuse », souligne-t-on.
Le lecteur suit donc les aventures d’une petite fille, « La Vilaine Lulu », au cours de vingt-quatre histoires, telles que « Lulu à l’école » ou « L’année Lulu ». Toujours vêtue de la même manière, elle est accompagnée de son animal de compagnie, un rat blanc. Son propre langage ponctue les dialogues, avec ses expressions favorites, « Pluck » et « Schmuck ».
Dans une déclaration à la MAP à cette occasion, le président de la Fondation Jardin Majorelle, Madison Cox, a expliqué que l’exposition de la bande dessinée sort de l’ordinaire et se démarque des thématiques habituelles des expositions qu’abrite cet espace magnifique, traduisant ainsi l’aspect créatif et le côté un peu amusant d’Yves Saint Laurent.
La célébration du centenaire du Jardin « nous offre l’occasion de s’interroger d’où on est venu?, qu’est-ce qu’on fait ? et où allons nous ? », d’où l’idée de l’organisation de cette exposition « Jardin Majorelle: Qui sommes nous » afin de répondre à ces questionnements et permettre au large public de mieux découvrir ce lieu magique, a-t-il relevé.
Beaucoup de recherches ont été menées pour collecter des documents divers qui relatent 100 ans d’histoire de cet espace, a-t-il souligné, notant que l’exposition offre aussi un aperçu sur les principaux projets que la Fondation envisage de lancer, dont un programme pédagogique et d’éducation artistique et culturelle au profit des enfants et des élèves des établissements scolaires, une bibliothèque publique et un pavillon temporaire dédié à des expositions autour de la thématique du botanique, eu égard à l’importance de plus en plus croissante du volet écologique (nature et espaces verts) et de la question de l’eau.
Pour sa part, le directeur du Musée Yves Saint Laurent de Marrakech, Alexis Sornin, a indiqué que l’exposition « Jardin Majorelle: Qui somme nous ? », qui se poursuivra à la salle temporaire du mYSLm jusqu’à février prochain, tend à expliquer aux visiteurs la longue histoire du Jardin, mais également à servir de « miroir d’une communauté de plus de 200 personnes qui y travaillent au quotidien avec des compétences singulières ».
Quant à la deuxième exposition, a-t-il poursuivi, elle évoque un autre aspect créatif moins connu dont disposait Yves Saint Laurent, à savoir son « bon coup de crayon ».
Reconnu internationalement comme l’un des plus beaux jardins du monde, le Jardin Majorelle à Marrakech, qui fête cette année son centenaire, se classe parmi les sites les plus visités du Maroc.
En 2023, plus de 1,2 million de visiteurs ont exploré ce lieu magique et emblématique du Royaume.