L’année 2024 s’est caractérisée par la hausse du taux d’élucidation des infractions, parallèlement au recul des indicateurs de la criminalité, dans un contexte marqué par la poursuite de la mise en œuvre de la stratégie relative à la lutte contre la criminalité 2022-2026, a indiqué la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN).
Dans son bilan pour l’année 2024, la DGSN affirme avoir misé, dans le cadre de cette stratégie, sur le renforcement des structures de lutte contre la criminalité, le développement des laboratoires de la police scientifique et technique, ainsi que sur l’utilisation systématique des mécanismes de recueil du renseignement criminel et d’appui technique aux enquêtes pénales.
Elle a également souligné son engagement en faveur de la consécration de la dimension des droits de l’Homme dans la fonction policière. Dans le souci de consolider les mécanismes de lutte contre la cybercriminalité et le cyber-terrorisme, les experts de la DGSN ont développé en 2024 la plateforme interactive “E-Blagh”, mise en service le 3 juin dernier. Cette plateforme vise à impliquer les citoyens dans la prévention et le signalement des menaces criminelles et des risques terroristes sur Internet.
L’année 2024 a aussi été marquée par la mise en œuvre de nombreux partenariats institutionnels visant à perfectionner les techniques d’enquête pénale et à les adapter au système des droits de l’Homme.
Il s’agit en effet de la convention-cadre de partenariat signée avec le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) qui porte sur la formation des fonctionnaires chargés de l’application de la loi dans les lieux de placement et de garde à vue. De même, un plan conjoint a été établi pour consolider la formation continue des officiers de la police judiciaire, en collaboration avec la Présidence du Ministère public et le Commandement de la Gendarmerie Royale.
Cette année a également été celle de la mise en application des recommandations relatives au respect des droits de l’Homme dans l’action sécuritaire, avec l’organisation d’un total de 3.537 sessions de formation et la diffusion de 710 notes de service pour permettre aux fonctionnaires de police de s’approprier la culture des droits de l’Homme et mettre en valeur les meilleures pratiques en matière d’application de la loi. Dans le cadre du renforcement des structures de lutte contre la criminalité, les brigades anti-gangs (BAG) ont été multipliées pour atteindre actuellement 26 brigades spécialisées réparties sur l’ensemble du territoire national.
Ces unités ont été dotées d’armes alternatives, notamment le pistolet à impulsion électrique “TASER-7”, de 104 véhicules tout-terrain, de 720 motos de diverses cylindres et d’uniformes adaptés à tous types d’intervention. Elles ont également été dotées de 60 canidés spécialisés dans la détection d’explosifs, d’armes, de stupéfiants, de billets de banque et dans la découverte de cadavres.
S’agissant des chiffres relatifs à la lutte contre la criminalité, un total de 755.541 affaires ont été enregistrées, en légère hausse par rapport aux 738.748 affaires recensées en 2023. En revanche, les crimes violents affectant directement le sentiment de sécurité des citoyens ont accusé une baisse significative de 10 %.
Ainsi, les affaires de vol aggravé ont reculé de 24 %, les vols de véhicules de 20 %, les vols avec violence de 12 %, et les vols par effraction de 10 %. De même, les agressions sexuelles ont baissé de 4 %, les affaires liées aux stupéfiants de 7 %, et les vols ciblant les agences de banques de 45 %.
En parallèle, le taux d’élucidation des crimes a atteint un niveau record de 95 %, en consécration de la progression continue enregistrée au cours des huit dernières années. L’analyse qualitative montre que les crimes violents sont restés à leur niveau minimal de 7 % des affaires pénales enregistrées, soit 49.838 cas, ce qui a conduit à l’arrestation de 29.959 personnes, dont 10.720 personnes recherchées.
De plus, les services de la police ont démantelé 947 bandes criminelles impliquées dans les vols qualifiés, ce qui a permis l’arrestation de 1.561 individus présumés impliqués dans ces actes. De même 119 véhicules et 75 motos utilisés dans ces activités criminelles ont été saisis.
Pour ce qui est des stupéfiants, une baisse de 7 % a été enregistrée avec 92.346 affaires traitées et 119.692 individus arrêtés, dont 287 ressortissants étrangers. Les saisies comprenaient notamment 123 tonnes et 971 kg de résine de cannabis, 1,948 tonne de cocaïne, 16,53 kg d’héroïne, et 1.429.052 de comprimés psychotropes, dont 773.493 cachets d’ecstasy.
Deux tentatives de trafic de médicaments à base de substances stupéfiantes ont également été mis en échec, avec la saisie de 704.000 flacons comportant des substances illicites, en provenance d’Asie et à destination de l’Afrique subsaharienne.
Enfin, une diminution notable de 47 % des affaires liées à la drogue dite “L’Boufa” et de 52 % des personnes impliquées ont été enregistrées, bien que les quantités saisies aient augmenté de 58 %, grâce au renforcement des contrôles aux frontières. Un total de 8,331 kg de la drogue “L’Boufa” a ainsi été saisi en 2024.