Cinéma : « Je suis toujours là » offre au Brésil son premier Oscar

Journalinfo

Le film intitulé « Je suis toujours là », qui plonge dans les tourments des années sombres de la dictature militaire brésilienne (1964-1985), a remporté dimanche l’Oscar du meilleur film international, marquant ainsi une première historique pour le Brésil.

 

 

« Au nom du cinéma brésilien, c’est un honneur immense de recevoir cette récompense », a réagi le réalisateur Walter Salles, visiblement ému, en dédiant ce prix à la mémoire de l’héroïne du film, Eunice Paiva, incarnée par Fernanda Torres.

 

 

« Ce prix va à elle, une femme qui, après avoir perdu son mari sous un régime autoritaire, a choisi de ne pas plier et de résister », a-t-il déclaré dans son discours de remerciement lors de la cérémonie-phare d’Hollywood.

 

 

Dans le film, Eunice Paiva lutte pendant des années pour découvrir le sort de son mari, Rubens Paiva, un ancien député enlevé par le régime en 1971.

 

 

« Je suis toujours là » a non seulement captivé le public brésilien, attirant plus de 4 millions de spectateurs dans les salles, mais a également remporté le prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise et un Golden Globe pour Fernanda Torres en tant que meilleure actrice dans un film dramatique.

 

 

Le film s’inspire de l’histoire réelle de Rubens Paiva, dont la disparition a marqué une page sombre de l’histoire du Brésil. La veuve de Rubens, incarnée par Torres, traverse les décennies dans une quête désespérée pour connaître la vérité, un combat qui ne prendra fin qu’en 1996, avec la reconnaissance officielle de la mort de son mari.

 

 

Bien que ce drame ait été largement salué, il a aussi ravivé les tensions autour du régime militaire et de la loi d’amnistie de 1979, qui protège les responsables des disparitions forcées et des meurtres politiques de cette époque.

 

 

La pertinence du film prend une dimension particulière dans le contexte politique actuel du Brésil. Depuis l’ascension de l’extrême droite, en particulier sous la présidence de Jair Bolsonaro (2019-2022), qui a publiquement soutenu certains aspects du régime militaire, « Je suis toujours là » incite à une réflexion sur les liens entre le passé et le présent du pays, notamment dans un contexte de tensions politiques et de débats sur la place de l’autoritarisme.

 

 

Le titre du film, « Je suis toujours là », a trouvé un écho jusque dans les plus hautes sphères de l’État. Il a même inspiré un discours du président Luiz Inácio Lula da Silva, qui, lors d’une cérémonie officielle le 8 janvier dernier, deux ans après les émeutes de Brasilia – lorsque des milliers de partisans de Bolsonaro ont saccagé les lieux de pouvoir, une semaine après son investiture – a déclaré : « Si nous sommes toujours là, c’est parce que la démocratie a triomphé. »

 

 

Le triomphe de « Je suis toujours là » à l’Oscar 2025 est bien plus qu’une simple récompense cinématographique. Il incarne la victoire du Brésil sur ses démons du passé et la reconnaissance d’une histoire douloureuse, mais essentielle à l’identité nationale du pays.

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