Le long-métrage de fiction marocain “Coup de Tampon” a été présenté, mercredi soir, dans le cadre de la manifestation culturelle “Semaines marocaines à Strasbourg”, en présence de son réalisateur Rachid El Ouali.
Sorti en 2023, “Coup de Tampon”, troisième long-métrage de l’acteur et réalisateur Rachid El Ouali, est une œuvre sensible aux tons de comédie populaire, remettant au goût du jour les thèmes de l’immigration, des liens familiaux et amicaux, ainsi que l’attachement à la mère patrie et le rapprochement des cultures.
Le film, d’environ 1h 40min, raconte l’histoire de Larbi, un émigré marocain à la retraite vivant en France depuis plus de 50 ans. Atteint d’une grave maladie, il apprend qu’il ne lui reste que 3 mois à vivre et s’apprête à annoncer la triste nouvelle à ses enfants.
Dans son appartement, à haute voix, Larbi, dans un rôle brillamment interprété par l’acteur Hamid Zoughi, cherche les mots justes pour leur dire sa mort proche. Peine perdue, “ces ingrats égocentriques enlisés dans les sables mouvants de leur existence ne daigneront lui prêter la moindre attention”.
Il se replonge alors dans ses souvenirs d’enfance et de jeunesse. L’évocation du Maroc lui rappelle la cause de son départ de son village à Figuig dans les années 60. Après ses dures années de labeur dans les mines françaises, il n’a plus qu’un dernier souhait: rentrer au pays pour y mourir “avec panache, être enterré en grande pompe et voir une rue de sa ville porter son nom”.
Dans ce périple de retour au pays, qui illustre l’attachement profond aux racines, Larbi est accompagné de son fidèle ami Mocho (rôle campé par l’acteur français Marc Samuel), dans un mélange subtil de sensations, entre comédie et tragédie.
Dans une déclaration à la MAP, Rachid El Ouali a expliqué que le film, à travers son mélange unique de comédie et de tragédie, entre colère et joie, la vie et la mort, la reconnaissance et l’ingratitude…, cherche à interroger les émotions humaines dans toute leur complexité.
“Il s’agit d’une œuvre personnelle, un reflet de mon propre rapport à la vie, à ses absurdités et à ses beautés. C’est une exploration des paradoxes de notre existence quotidienne, où les moments de lumière et d’obscurité se côtoient constamment. En tant que réalisateur, j’ai voulu créer une œuvre qui bouscule les conventions, qui fait rire tout en touchant aux aspects les plus profonds et tragiques de la vie humaine”, a-t-il dit.
Quant à la ville mythique de Figuig qui a prêté ses décors et son paysage époustouflants de “terre rouge” pour le tournage du film, il a évoqué des inspirations et des influences de choix visuels, notant que le défis était de capturer cette dualité entre la légèreté et la gravité, tout en restant fidèle à l’âme de l’histoire.
“J’ai voulu que l’image serve non seulement le récit, mais aussi l’émotion brute que chaque scène cherche à transmettre. Il y a une recherche constante de l’équilibre entre l’esthétique et le sens”, a-t-il ajouté. Un défi relevé avec beaucoup de rigueur !
Rachid El Ouali n’a pas manqué de rappeler que le tournage du film a exigé une grande précision, de Sète à Fuiguig, en passant par Nador et Oujda, surtout en jonglant avec des scènes à la fois légères et sombres, ce qui demande une attention particulière aux détails.
“Mais c’est ce genre de challenge qui rend le processus de création si enrichissant”, s’est-il enorgueilli, lui qui est habitué à être devant la caméra en tant qu’acteur, faisant savoir qu’il travaille sur un autre projet ambitieux qui verra le jour bientôt. Il s’agit d’un quatrième long-métrage intitulé “Une prisonnière à vendre”, a-t-il précisé
“Le rôle de réalisateur m’a apporté une nouvelle perspective. C’est un nouveau défi que je me suis lancé, car il faut être à la fois créatif et pragmatique, à la fois artiste et chef d’orchestre”, a-t-il poursuivi, notant que la mise en scène, la direction des acteurs, le choix des cadrages… tout cela nécessite une concentration intense, mais aussi une grande capacité d’adaptation.
“C’est un travail d’équilibre qui m’a beaucoup appris et qui, je l’espère, se reflètera dans mes œuvres”, a-t-il conclu.
Le film “Coup de Tampon” a été projeté en présence de personnalités de différents horizons et de membres de la communauté marocaine établie dans la capitale alsacienne, suivi d’un échange avec le réalisateur.
Les Semaines marocaines à Strasbourg (14 octobre-11 décembre) est une manifestation culturelle qui promeut la richesse et la diversité du patrimoine culturel du Maroc, via plusieurs de ses composantes, allant de l’histoire de l’art à la musique traditionnelle, notamment le Malhoun et Gnaoua, en passant par l’artisanat, la création littéraire et le cinéma.
Organisée conjointement par le Consulat général du Maroc et l’Alliance française Strasbourg-Europe, sous le thème “La part de l’Autre”, cette manifestation met en lumière les performances artistiques d’une pléiade d’artistes marocains, dont ceux issus de la communauté marocaine résidant dans la région française du Grand Est.
Le programme comprend notamment une exposition sur “Les Textures de la transe: les imaginaires des Gnaouas”, une conférence sur “Les Gnawas au carrefour des imaginaires” et des concerts de musique andalouse et gnawie.