Un été 2024 caniculaire au Maroc, amplifié par les changements climatiques

Journalinfo
L’été 2024, qui tire à sa fin, a été torride dans plusieurs régions du Maroc où le mercure a frôlé des records de température, en ligne avec les tendances mondiales du réchauffement climatique.

 

Des vagues de chaleur prolongées et en série ont ainsi ponctué le mois de juillet et une bonne partie d’août, marquant une augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes de chaleur intense dans le Royaume.

 

Scientifiques et experts s’accordent à associer ces canicules, directement ou en partie, aux dérèglements climatiques que vit la planète depuis plusieurs années, notamment au phénomène de réchauffement lié aux émissions de gaz à effet de serre, avec comme conséquence des vagues de chaleur intenses qui risquent de devenir la nouvelle norme.

 

« Les modèles climatiques prévoient une augmentation des températures moyennes et une intensification des extrêmes climatiques, ce qui laisse penser que les épisodes de chaleur extrême deviendront une caractéristique de plus en plus régulière », explique à la MAP Kenza Khomsi, chef de service climat et changements climatiques à la Direction générale de la météorologie (DGM).

 

En effet, juillet 2024 est le deuxième mois le plus chaud jamais enregistré dans le monde, selon l’agence européenne Copernicus, alors que l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) estime que l’année 2024 a désormais 77% de risque d’être la plus chaude jamais observée sur terre.

 

Un constat confirmé par les températures caniculaires enregistrées lors des vagues de chaleur successives de cet été, qui ont concerné plusieurs villes et régions à travers le Maroc.

 

Ainsi, le mercure a atteint 48,3°C à Kasba Tadla, 47,7°C à Beni Mellal et 47,6°C à Marrakech, le 23 juillet dernier. Chefchaouen a également établi un nouveau record avec 43,4°C le 19 juillet, tandis que Ifrane, connue pour ses étés typiquement doux, a enregistré 37,8°C le 23 juillet.

 

Midelt a aussi marqué un record de 40,7°C le 11 juillet, dépassant son précédent record de juillet 1945, selon les données de la DGM.

 

La première moitié du mois d’août 2024 a aussi connu des températures caniculaires dans plusieurs régions, avec des pics atteignant jusqu’à 46°C à Marrakech, 41°C à Oujda, 42°C à Fès, et 45°C à Smara.

 

Si ces vagues de chaleur observées au Maroc sont en partie dues au « chergui », un phénomène naturel qui amène de l’air chaud depuis le Sahara, il n’en reste pas moins vrai qu’elles s’inscrivent aussi dans une tendance de réchauffement climatique observée ces dernières années, souligne Mme Khomsi.

 

En effet, au cours des quatre dernières décennies, les températures moyennes annuelles au Maroc ont montré une tendance à la hausse, atteignant +1,8°C, selon la climatologue marocaine, qui note que les canicules sont devenues plus fréquentes et intenses que par le passé.

 

Jamal Alibou, expert en changement climatique et enseignant-chercheur à l’École Hassania des Travaux Publics, explique, de son côté, que les vagues de chaleur – phénomènes climatiques marquées par des périodes prolongées de températures anormalement élevées – sont devenues « plus fréquentes, plus intenses et plus longues » en raison du changement climatique.

 

À titre d’exemple, l’été 2023 a connu certaines des vagues de chaleur les plus sévères jamais enregistrées au Maroc, culminant avec un nouveau record national de 50,4 °C, enregistré à Agadir le 10 août 2023.

 

Ces vagues de chaleur prolongées sont également amplifiées par des anomalies atmosphériques, telles que des systèmes de haute pression persistants qui piègent l’air chaud et empêchent la circulation de systèmes météorologiques plus frais.

 

Les scientifiques pointent aussi du doigt l’urbanisation, en ce sens que les surfaces asphaltées dans les zones urbaines absorbent et retiennent davantage de chaleur, exacerbant ainsi l’effet de chaleur urbaine, surtout la nuit.

 

Les vagues de chaleur impactent également les ressources en eau, dans la mesure où elles augmentent l’évaporation des retenues d’eau, des rivières et des lacs, réduisant ainsi les réserves d’eau disponibles pour l’irrigation, l’approvisionnement en eau potable et d’autres usages, fait remarquer M. Alibou, qui enseigne au Département Hydraulique, Environnement et Climat.

 

Par conséquent, le secteur agricole reste particulièrement vulnérable à ces dérèglements climatiques.

 

« Les récentes vagues de chaleur ont affecté l’agriculture en augmentant le stress hydrique pour les cultures, réduisant la fertilité des sols et favorisant la propagation de ravageurs et de maladies des plantes, exacerbant les pertes agricoles, » explique l’expert marocain.

 

Selon lui, les températures excessives peuvent aussi réduire le rendement des cultures sensibles à la chaleur, comme le blé, le maïs et le riz, entraînant une diminution de la productivité.

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